Dans le laboratoire des archives du film du CNC

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Après le travail d’analyse des films effectué en amont, l’équipe du laboratoire du CNC va procéder à la restauration. Ici, ce sont principalement les films déjà conservés qui en font l’objet, même si ceux qui arrivent très dégradés doivent être restaurés le plus rapidement possible pour éviter toute perte d’information. D’autres encore sont récupérés par l’ayant droit pour faire des réparations à l’extérieur.

Restauration de la pellicule

Si la pellicule est abîmée, la première étape va consister à la préparer pour qu’elle puisse ensuite passer sur les machines. Un chargé de restauration nous fait visiter et nous explique une partie de son travail.

Différents cas de figure existent. Le plus souvent ce sont des films nitrates, composant chimique hautement inflammable interdit depuis les années 50, avec des photogrammes manquants, des déchirures, des cassures dans l’image. “En général, les nitrates sont réparés avec de la pellicule nitrate récupérée de films dont certains éléments en doublon devaient être détruits. Réparer le nitrate avec le nitrate permet d’obtenir la meilleure conservation. L’idéal c’est d’avoir pour les réparations des sons seuls, des pellicules où il n’y a que la piste son, que l’on pourra utiliser pour combler des manques, quand la pellicule a été arrachée, quand l’interimage n’existe plus. Nous faisons aussi beaucoup de réparation sur les manchettes, c’est à dire quand les perforations sont arrachées, nous reconstituons la manchette. C’est très important car cela va nous permettre de pouvoir passer le film sur nos différentes machines.”

Les morceaux de films nitrates sont ensuite assemblés entre eux à l’aide d’une colle spéciale. Une fois le film réparé et amorcé il peut passer à l’étalonnage. Les amorces originales riches en informations sur le film sont conservées. Les nouvelles amorces sont montées en respectant l’intégrité de l’original.

L’Analyseur

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Analyseur, laboratoire des archives du CNC – crédit photo : Aurèle Collin

L’analyseur est une grosse machine qui permet de gérer les lumières et donc l’exposition de la pellicule à une certaine quantité de lumière afin de fabriquer une copie sécurité. Lors de notre passage, ils travaillaient uniquement sur du noir et blanc avec les supports photochimiques (pellicule).

“On passe le film dans l’analyseur, et pour chaque plan on va choisir une lumière, une certaine exposition. A la fin on obtient une bande perforée en fonction de l’exposition choisie sur chaque plan. Cette bande contient aussi un compte image qui renseigne de quelle image à quelle image telle quantité de lumière doit être appliquée.”

Cette machine n’apporte aucune modification sur la pellicule, elle ne fait que simuler numériquement les changements pour obtenir la bande perforée. C’est à partir des informations récoltées sur cette bande que la tireuse saura quelle quantité de lumière utiliser pour impressionner l’image exposée correctement sur une pellicule vierge. Si la pellicule est trop abîmée pour passer dans cette machine, elle sera numérisée pour ensuite être restaurée.

Tireuse par contact et tireuse optique

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Tireuse par contact, laboratoire des archives du CNC – crédit photo : Aurèle Collin

Avant de tirer les films il faut toujours les essuyer car ils se chargent en poussière, surtout ceux en polyester car c’est une matière électrostatique. C’est une règle à respecter pour avoir le moins de défauts possibles sur le résultat final. Certains films posent des problèmes selon leur degré de dégradation. Par exemple, ceux qui sont trop rigides, et donc cassants, doivent être assouplis à la chimie.

C’est la tireuse par contact qui permet de “copier” une pellicule originale sur une vierge. Ces deux pellicules passent en contact l’une sur l’autre, la bande perforée décrite plus haut permet à la machine de savoir la quantité de lumière à envoyer pour impressionner la pellicule vierge. Le bac dans lequel a lieu le copiage est rempli de perchloroéthylène qui permet, grâce à son indice de réfraction, de ne pas reproduire les petites rayures sur la nouvelles copie. Cette machine atteint un rythme de 1000-1600 m/h.

Une autre tireuse “optique”, plus ancienne, permet de projeter l’image via une caméra, de la pellicule originale sur la pellicule vierge. Elle permet de faire des agrandissements ou des réductions de l’image et peut atteindre une vitesse de défilement de 2,5 images/seconde, ce qui est lent, mais appréciable pour les films très abîmés.

Cuves de développement

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Cuves de développement, laboratoire des archives du CNC – crédit photo : Aurèle Collin

Les développeuses sont des machines imposantes qui permettent de révéler l’image impressionnée sur la pellicule lors du tirage. La bobine dont l’image est encore latente est chargée d’un côté, et le film développé après être passé dans différents bains de traitement ressort de l’autre. Elle passe dans différents bains qui permettent de laver, développer et sécher la pellicule. Comptez environ 30 à 45 minutes pour une bobine de 300m.

L’intérêt est toujours de revenir sur de la pellicule après la restauration car il s’agit d’un support bien plus pérenne que le numérique mais aussi moins cher sur la durée.

Montage et étalonnage sur Avid et Resolve

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Logiciel d’étalonnage Resolve, laboratoire des archives du CNC – crédit photo : Aurèle Collin

Une station Resolve (du nom du logiciel) permet d’étalonner les films numérisés avant un reshoot sur pellicule.

Pour corriger les artefacts, il y a une station de restauration “Diamant”. Elle permet la stabilisation des images, la correction du pompage de densité, d’enlever les traces de poussières et les rayures. Après vient le travail à la palette graphique pour venir à bout des défauts les plus importants comme la reconstitution de parties d’images manquantes.

La “salle blanche”

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Salle blanche, laboratoire des archives du CNC – crédit photo : Aurèle Collin

Comme son nom l’indique, cette salle dépourvue de toute fenêtre et dont l’accès se fait par un sas est totalement blanche. On y trouve deux machines : d’abord un scanner qui numérise les films et un “imageur” qui permet de repasser les fichiers numériques sur pellicule à la fin de la chaine.

Le scanner Director (au premier plan sur l’image) permet de scanner jusqu’en 4K le 35mm et en 2K le 16mm. Le fichier numérique résultant de l’opération n’est pas un fichier vidéo mais une suite de photos : à chaque photogramme (image) de la pellicule correspondra un fichier photo. Après, soit le film est tout de suite retiré sur une copie de pellicule vierge, soit l’on décide de le passer à la restauration numérique (enlever les traces de poussière, étalonnage…).

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Serveurs et bande magnétique, salle blanche, laboratoire des archives du CNC – crédit photo : Aurèle Collin

Dans une autre partie de la salle se trouvent les serveurs. Si la salle paraît un peu grande c’est qu’il était à la base prévu d’accueillir le dépôt légal numérique qui se partage finalement avec la BnF (Bibliothèque Nationale de France). A l’intérieur de la baie, deux serveurs de 300 To en miroir. Cette configuration permet, en cas de panne d’un disque-dur, de ne pas perdre les données en les copiant 2 fois à deux endroits différents. Ils accueillent tous les films numérisés. Pour gagner de la place, les films numérisés qui ont fait l’objet d’un reshoot sur pellicule sont transférés sur bande magnétique (une grosse cassette) qui peuvent faire 3To chacune. 

L'”imageur” passe les fichiers numériques sur la pellicule négative. Ce négatif sert de sauvegarde puis des copies peuvent être tirées à partir de celui-ci.

Merci à Vanina Angelini et Gilles Langlais pour la visite des laboratoires du CNC Archives. Photos : Aurèle Collin.

Publié le 1 octobre 2016. Dernière mise à jour le 29 décembre 2018.

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