Comment écrire un scénario ?

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Ces quelques dizaines de feuilles de papier dactylographiées, enfermées dans un tiroir, ne payent pas de mine. Et pourtant ! Le scénario peut – dans le cas où l’histoire qu’il raconte est géniale, originale, complètement “pête sa mère” – valoir de l’or ! Et ce n’est pas moi qui vais vous apprendre à écrire une telle histoire, ça non. L’histoire, c’est à vous de la dénicher, de la travailler. Elle peut se développer à partir d’une simple image, provenir d’une idée fulgurante qui vous tombe dessus, comme ça, en serrant le frein à main de votre voiture. Il n’y a pas de règles de ce côté là. Mais il ne faut pas se leurrer : entre l’idée et un scénario fini, il y a beaucoup de travail.

A défaut de vous aider à développer une histoire, on va voir à quoi ça ressemble un scénario, et comment on s’y prend pour l’écrire.

 

Première erreur à ne pas commettre : un scénario ne s’écrit pas comme un roman. Ne cherchez pas à faire du Victor Hugo ou à écrire comme Maupassant : privilégiez des phrases courtes, claires et concises. N’allez pas chercher des mots compliqués dans les confins de votre encyclopédie. Le scénario est d’abord un document de travail.

Lorsque vous l’écrirez, ayez toujours à l’esprit que le résultat sera visuel, sonore et au présent. Vous devez vous placer du point de vue de la caméra (donc du spectateur) et décrire tout ce que l’on voit ou entend. En somme, lorsque quelqu’un lira votre scénario, il devra pouvoir voir le film dans sa tête (et le comprendre). Donc excluez toute notion de “Alfred court car la boulangerie va bientôt fermer”, on arrive bien à se représenter Alfred qui court mais comment diable le spectateur fait-il pour deviner pourquoi court ce pauvre garçon ? Ecrivez plutôt : “Alfred court en plein milieu de la rue. Devant lui, le rideau de la boulangerie se ferme”.

N’oubliez pas non plus de tout écrire au présent car jusqu’à preuve du contraire, lorsqu’on regarde un film, on est dans le présent. (dans le cas contraire, merci de nous contacter afin de nous aider à écrire le 4ème volet de la saga Retour vers le Futur).

 

Et nous allons maintenant parler des scènes. Ce mot ne doit pas vous être inconnu et si c’est le cas, sachez que cette situation est sur le point de prendre fin ! Le scénario n’est pas constitué d’un seul bloc, il est divisé en scènes. Et concrètement c’est quoi une scène ? Il s’agit d’une unité de temps et de lieu. Si Gérard est en train de boire un coup au bar et qu’il sort dans la rue, il y a changement de scène quand il arrive dans la rue. Si ce même pauvre Gérard est au bar en plein jour et que pour une raison ou une autre il vient à faire nuit, alors il y a changement de scène lorsque la nuit arrive.

Celles-ci n’ont aucune valeur narrative, elles sont invisibles pour le spectateur (le premier qui nous fout un carton “SCENE X, EXT JOUR” avant chaque scène dans son film, c’est trois mois au mitard !). Mais alors elles servent à quoi ces scènes (très bonne question je vous l’accorde) ? Tout simplement à pouvoir s’organiser lors de la préparation du tournage. Vous n’êtes pas sans savoir qu’un film est très rarement tourné dans l’ordre chronologique, en suivant le scénario (oui il y a des exceptions comme Paris, Texas, mais ça reste rare) pour des raisons économiques mais aussi pratiques : si le bar de Gérard revient à plusieurs moments dans le film, il est judicieux de tourner toutes les scènes dans ce bar en une fois, en enregistrant d’abord celles de jour et après celles de nuit (aucune obligation pour l’ordre, pas de panique !).

Dans le scénario, pour marquer chaque scène, voici comment procéder :

“Marque de lieux : INT: Intérieur/EXT: Extérieur” avec éventuellement la nomination du lieux (BAR DE GERARD) ; “Marque de temps : JOUR/NUIT/CREPUSCULE”

Pas de numéro pour la scène, celui-ci sera déterminé plus tard. Ce qui peut donner, dans le cas du bar de Gérard :

INT. BAR DE GERARD – NUIT

Si il y a flashback, rajouter la mention FLASHBACK suivit de la date (si possible). De même si vous êtes assez fous pour faire un flashforward.

 

Voilà pour les quelques règles de base. Vous devez vous conformer à ces règles si vous voulez avoir une chance de vendre votre scénario. Mais il y’a autre chose de très important : la mise en page. Imaginons, Geneviève est une femme de 40 ans, elle vient de passer une journée fatigante. Elle doit aller chercher son gosse à la crêche dans une demie-heure, sait que son mari Gérard est encore pour un long moment au bar, qu’il lui reste une heure de route avant d’arriver chez elle et qu’elle n’a qu’une envie : aller se coucher. Seulement, Geneviève est productrice et une immense pile de scénarios trône sur son bureau. Alors pour qu’elle ait la volonté ne serait-ce que d’ouvrir la page de garde, il faut que tout soit bien présenté. Sinon, c’est corbeille direct !

La police d’écriture à utiliser est Courrier en taille 12. Cette police est disponible sur n’importe quel éditeur de texte (Oui, Word voir Bloc Note suffisent pour écrire un scénario, incroyable…)

La Page de Garde. Le format de présentation de cette page est commun à tous les scénarios. Elle comprend le titre (il peut être provisoire et accrocheur dans la mesure du possible, évitez “Sans Titre“), centré (autant veticalement qu’horizontalement) et en majuscules. Ensuite, retour à la ligne et nom de(s) l’auteur(s). En bas à droite, les coordonnées pour vous joindre. Mais rien de plus !

Par exemple, voici la page de garde du scénario de Gravity, que je vous invite à télécharger ici.

page de garde gravity

Sur la première page : Titre centré et en majuscules en haut, suivit à la ligne de la mention FADE IN. Ensuite, c’est parti pour la première scène ! (Pour rappel : INT. BAR DE GERARD – NUIT) Vous noterez que c’est aussi écrit en majuscules.

Vient ensuite la description (là, ça commence pour de bon). Comme son nom l’indique, la description permet de… décrire (bravo !) l’action qui se passe à l’écran. Je suis sûr que Geneviève est déjà plongée dans l’intrigue. Mais attention, quand je disais d’écrire simplement tout à l’heure, ça ne veut pas dire écrire mal ou prendre le lecteur pour un “teubé”. Vous êtes libres quant aux retours à la ligne.

Bientôt va arriver votre premier personnage, son nom devra figurer en majuscules et ne devra pas être mentionné avant que le spectateur ne le découvre. Les effets sonores particuliers (qu’on ne peut pas déduire) ainsi que la musique qui vient par dessus suivent la même règle.

Vient un moment où vous aurez l’intention de faire parler un de vos personnages. Le nom vient alors en majuscules, centré (à la ligne). Il est suivi de O.S. (Off Screen) si ce personnage n’est pas présent à l’écran lorsqu’on l’entend. Ensuite, on écrit le dialogue à la ligne, sous le nom. Attention, les dialogues ne doivent pas dépasser 30 signes/ligne. Exemple :

 

GERARD

Pfff… Vais t’en r’prendre un

p’tit pour la route !

 

Si vous souhaitez ajouter des didascalies, il faut les rajouter entre parenthèses sur une ligne supplémentaire entre le nom et le dialogue.

Enfin, je vous invite à numéroter les pages sans compter la page de garde. La numérotation quant à elle doit apparaitre en haut à droite à partir de la deuxième page.

 

Aller, un p’tit aperçu !

scenario_du_film_gravity-2

Eh ben, ça en fait des règles ! Mais les respecter donnera à votre scénario une allure propre et pro et si en plus l’histoire est top, c’est déjà pas mal ! Vous n’avez plus qu’à trouver des producteurs qui telle Geneviève prendront le temps de le lire. Ah oui, avant de terminer, quelques dernières petites recommandations : on n’envoie pas son scénario par internet, il faut l’imprimer puis le relier avant de l’envoyer par courrier postal. Je vous recommande aussi fortement de protéger votre travail auprès d’institutions compétentes, on ne sait jamais…

Et puis quelques exemples de scénario pour vous aider dans votre périple, les trois sont écrits de manière un peu différente :

Mud sur les rives du MississippiLe Loup de Wall StreetGravity

 

Bonne chance surtout !

Publié le 3 juillet 2014. Dernière mise à jour le 21 avril 2018.

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