L’accessoiriste de plateau

Quel objet n’est ni un costume, ni un décor, mais apparaît tout de même dans le film? L’accessoire doit son statut particulier par sa vocation à être manipulé par le comédien. Mais attention, manipulé ne veut pas dire porté! Ainsi, une veste est un costume alors qu’un porte-monnaie sera plutôt un accessoire. Sur un tournage, il peut y en avoir des centaines (des accessoires, pas des porte-monnaie, quoique…) et c’est à l’accessoiriste de plateau que revient la charge de s’en occuper.

Avant le tournage

Sa mission commence peu avant le début du tournage, à la fin de la préparation. L’accessoiriste de plateau dispose alors d’une à trois semaines suivant l’importance (et le budget!) du film pour préparer son travail.

La première étape consiste à réaliser un dépouillement à partir du scénario. Il s’agit d’identifier et relever tous les accessoires mentionnés dans le texte, mais aussi de deviner ceux qui seront implicitement nécessaires. Par exemple, si un personnage dans une scène écrit une lettre, il faut prévoir une enveloppe, un papier, un stylo, un timbre…

L’accessoiriste fait partie du département de la décoration, mais la pratique de son métier l’amène aussi à travailler en étroite collaboration avec les départements des costumes ou de la mise en scène. La frontière est en effet parfois floue entre accessoire, décor et costume, il s’agit donc de se coordonner ensemble pour confronter les visions de chacun, éviter les oublis et garantir une vision d’ensemble qui soit cohérente.

Des échanges réguliers ont aussi lieu avec le réalisateur et/ou son(es) assistant(s). D’abord, il devra préciser sa vision des choses afin que l’accessoiriste puisse orienter au mieux ses recherches, puis il fera ensuite un choix sur ce qui lui sera proposé.

A la charge de l’accessoiriste ensuite de rassembler, fabriquer, acheter tous les accessoires nécessaires afin d’être prêt pour le tournage. Loin de s’arrêter là, son métier consiste aussi à donner une “vie” à tous ces objets. On parle alors de “patine”, cet art qui consiste à abîmer un accessoire par exemple neuf pour donner l’illusion qu’il sert depuis de nombreuses années.

N’oublions pas non plus la partie “recherche” de son travail qui implique de se renseigner sur les objets qu’il aura la charge de trouver et ensuite de faire utiliser aux acteurs. En effet, si l’utilisation d’un stylo semble évident, ce sera par exemple moins le cas des armes ou d’objets d’époque.

Pendant le tournage

L’accessoiriste possède un (ou plusieurs) camions dans lesquels il ordonne et range tous les accessoires qui lui seront nécessaires pendant le tournage (ou alors pendant une semaine de tournage, par exemple). En plus des objets nécessaires, il prévoit aussi dans son stock des “au cas où”, par exemple plusieurs types de portefeuilles, de stylos ou de tasses de cafés qui pourraient s’avérer utiles en dernier recours. Ensuite, il y a la caisse de face, une roulante qui permet d’apporter tous les accessoires qui serviront pendant une journée de tournage ou une séquence directement sur le plateau, ce qui évite les allers-retours au camion et permet donc de gagner du temps.
Comme son nom l’indique, l’accessoiriste de plateau doit rester au maximum sur le plateau car son travail ne consiste pas seulement à préparer et apporter les accessoires. Dans un premier temps, il dispose comme les électros ou les machinistes d’un temps de préparation avant le tournage d’une séquence. D’une durée d’environ une heure, ce moment permet non seulement de placer les accessoires dans le décor comme vous pouvez l’imaginer, mais aussi de briefer les acteurs et/ou les éventuels figurants. En effet, comme je l’ai spécifié plus haut, les accessoires sont des objets qui ont vocation à être manipulés par les personnages. L’accessoiriste doit donc s’assurer que les comédiens soient aussi familiers avec leurs accessoires que leurs personnages qu’ils jouent doivent l’être.

Entre chaque prise, l’accessoiriste doit aussi veiller aux raccords. Il est pour cela en lien avec la scripte. Il s’agit de remettre en place les accessoires qui ont bougé pendant une prise, par exemple le niveau d’eau dans une bouteille, changer une cigarette, remettre un bureau en ordre… En plus des raccords entre les prises, il lui faut aussi veiller à la continuité. L’état d’un accessoire peut en effet être amené à évoluer tout au long d’un film. Sauf que les séquences ne sont en général pas tournées dans l’ordre, impossible donc d’utiliser un même objet qu’on tâchera d’abîmer au fur et à mesure. Dans ces cas là, l’accessoiriste prépare différentes versions d’un même accessoire qui correspondent à ses différents stades d’évolution tout au long de l’histoire.

Au origines du métier, l’accessoiriste avait en charge les effets spéciaux. De nos jours, ces derniers se sont beaucoup complexifiés et demandent l’intervention de professionnels spécialisés, mais pas tout le temps. Ainsi, l’accessoiriste peut très bien avoir à sa charge la création de “petits” effets spéciaux du genre de la fumée qui s’échappe d’un capot de voiture, la chute d’un objet ou encore un rideau de pluie derrière une fenêtre.

Et saviez-vous que la nourriture fait aussi partie des accessoires? Ça n’a l’air de rien dit comme ça mais une séquence avec un repas ajoute beaucoup de travail à l’accessoiriste. S’il arrive d’avoir recours à un cuisinier, ce n’est pas toujours le cas et il doit donc gérer la cuisine en plus de veiller à ce que cela reste mangeable et surtout raccord entre les prises. 

Vous l’avez vu, un accessoiriste a beaucoup de missions sur un plateau de tournage. Pour l’aider dans son travail, il est parfois épaulé par un assistant accessoiriste. Si le recours à des assistants est de plus en plus difficile pour des raisons budgétaires, leur présence permet de gagner du temps sur le plateau et reste, comme c’est souvent le cas, la meilleure école pour apprendre le métier.

En veille permanente

Même si sa mission ne dure que le temps d’un tournage, l’accessoiriste ne cesse jamais vraiment de travailler. Il est ainsi en veille permanente, animé par une curiosité naturelle, à la recherche d’objets dans des vides-greniers ou à améliorer ses connaissances en lisant des livres.

Comme tant d’autres, c’est un métier qui demande de la passion et de riches connaissances sur de nombreux objets. Il opère sur chaque projet, un peu comme un magicien qui parvient en mobilisant sa création et son savoir à donner vie aux objets.

Publié le 10 février 2020. Dernière mise à jour le 10 février 2020.

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