En règle générale, les productions louent le matériel de tournage à des sociétés spécialisées comme Transpalux ou TSF. Cependant, il est d’usage que certains professionnels – les accessoiristes, les électricien·ne·s de plateau et les machinistes – possèdent leur propre matériel qui viendra compéter celui loué par la production. C’est cet équipement personnel qui porte le curieux et doux nom de bijoute.
Cette appellation trouverait, d’après ce blog, ses origines dans le nom du local des accessoiristes en studio: la bijouterie. Ce n’est que plus tard, lorsque les films se sont de plus en plus tournés en extérieur, que les électricien·ne·s de plateau et les machinistes se sont mis à posséder eux aussi du matériel.
Y a quoi dedans?
Le contenu et la taille d’une bijoute peut beaucoup varier : de la simple caisse à outils au(x) camion(s) plein(s) à craquer ! Il est difficile d’énumérer l’ensemble des matériels qu’on peut y trouver tellement il en existe de toutes sortes. Mais voici néanmoins quelques exemples :
- Les électricien·ne·s de plateau auront tendance à posséder des consommables (rouleaux de gelatine, ampoules, gaffer), des pieds de projecteurs, des accessoires d’accroche (clamp, pinces, spigots), des réflecteurs, des cadres de diffusion…
- Les machinistes possèderont un outillage divers, des cales en bois, des éléments de structures métalliques, des gueuses, des borniols (tissus noirs et épais pour calfeutrer la lumière)…
- L’accessoiriste de plateau va posséder tous les accessoires de jeu ainsi que le nécessaire pour réaliser certains effets spéciaux de plateau (fausse pluie, fumée, brouillard, feux,…)
Une bijoute se constitue peu à peu, à mesure de l’avancée de la carrière du ou de la technicien·ne. Cela commence par de petits éléments achetés ou récupérés de-ci de-là. Il arrive par exemple que des technicien·ne·s qui partent à la retraite ou stoppent leur activité vendent leur bijoute à de bons prix. Mais être au courant de ce genre d’occasions implique d’être déjà implanté dans le milieu.
Pourquoi une bijoute?
Posséder son propre matériel apporte quelques avantages. Cela permet en effet d’être plus attrayant aux yeux d’une production lorsqu’elle cherche à recruter son équipe. Aussi, travailler avec du matériel qu’on connait permet de gagner en efficacité lors du tournage.
En plus du défraiement que le ou la propriétaire perçoit lorsque sa bijoute est utilisée sur un tournage, il ou elle a la possibilité de la louer pendant ses périodes d’inactivité. Mais pas à n’importe qui : essentiellement à des personnes de confiance avec lesquelles il ou elle a déjà travaillé. On ne fait pas n’importe quoi avec sa bijoute, comme son nom l’indique, c’est précieux !
Ces entrées d’argent sont essentielles car une bijoute doit être rentabilisée et entretenue. En plus des frais nécessaires à l’entretien et l’amélioration constante, il faut aussi prendre en compte ceux liés à l’entreposage de tout ce matériel, ce qui n’est pas simple dans des grandes villes comme Paris où ont lieu bon nombre de tournages.